Samedi 24 décembre
Avant de quitter Whanganui, nous avons fait un petit tour à la plage, juste à côté du camping. Le sable y était noir, d’origine volcanique. Et justement, notre destination du jour était un volcan en sommeil, le Mont Taranaki / Mont Egmont.

Notre étape devait nous mener de Whanganui au Mont Taranaki où nous devions dormir sur un freedom camp après un arrêt à Stratford pour faire quelques courses avant la journée de Noël. Mais vu le temps gris et incertain au Mont Taranaki, nous avons préféré nous avancer pour l’étape du lendemain et revenir jusqu’au freedom camp de Waverley Beach pour la veillée de Noël.

Lors d’une pause à Hawera (ville de naissance de l’ancien 3/4 centre des All Blacks, vainqueurs de la Coupe du Monde en 2011 et 2015, et de Pau, Conrad Smith), nous avons testé avec Florence les sound mirrors installés au King Edward Park. Et cela fonctionne très bien !


Deux paraboles massives d’environ 2,5m de diamètre sont installées face à face à une distance de 50 mètres l’une de l’autre. Ces miroirs sonores permettent à une personne de chuchoter au point focal d’une parabole tandis que l’autre personne peut entendre le chuchotement au point focal de l’autre parabole.

Arrivés sur les pentes du Mont Taranaki, nous avons fait un nouvel arrêt pour nous balader sur la Kamahi Loop Track, une petite piste de randonnée de seulement 600 mètres mais à l’ambiance surprenante.

Souvent présentée comme la forêt des Gobelins dans les guides touristiques, la végétation est très dense malgré l’altitude et donne une atmosphère féérique à la balade, avec de nombreuses variétés de fougères et la mousse qui recouvre les arbres. Ne manquait que le soleil pour bénéficier des jeux de lumière qui doivent se produire avec les reflets sur les feuillages verts et argentés…


Du point de vue géologique, le Mont Egmont, ou Mont Taranaki en maori, est un jeune volcan de 120.000 ans culminant à 2.518 mètres d’altitude.
Sa dernière éruption s’est produite en 1755 et il est surveillé par de nombreux sismographes pour alerter la ville de New Plymouth, environ 50.000 habitants, en cas de réveil.


L’ascension du Mont Taranaki est considérée comme dangereuse en raison des conditions météorologiques changeantes.
Sa forme conique aux pentes régulières et prononcées est considérée comme une des plus symétriques au monde et rappelle celle du Mont Fuji, point culminant du Japon.
Cette forme conique se remarque d’autant plus que le volcan se trouve isolé au centre d’une vaste plaine sans relief qui s’étend jusqu’à la mer de Tasman, comme vous pouvez le voir sur l’image satellite au début de l’article.

Selon une légende māori, le dieu Te Maunga o Taranaki (qui veut dire le Mont Taranaki) vivait autrefois dans le centre de l’île du Nord avec les autres dieux Tongariro, Ruapehu et Ngauruhoe qui étaient tous amoureux de la déesse Pihanga.
Taranaki décida alors de faire des avances à Pihanga ce qui mécontenta Tongariro qui laissa exploser sa colère, secouant les fondations de la Terre et obscurcissant le ciel. Une fois calmé, Tongariro était devenu plus petit mais s’était rapproché de Pihanga.
Dépité et en pleurs, Taranaki décida de quitter la région. Il traversa la rivière Whanganui, se dirigea vers l’ouest et après avoir rejoint l’océan, s’endormit. À son réveil, le mont Pouakai était né et l’avait emprisonné à son emplacement actuel.

D’autres légendes māori prédisent que Taranaki rencontrera un jour Pihanga et qu’il est donc imprudent de vivre entre les deux montagnes. Les Māori racontent aussi que lorsque le mont Taranaki est recouvert de brume et de pluie, c’est Taranaki qui pleure d’avoir perdu Pihanga.

Le 22 décembre 2017, le gouvernement de Nouvelle-Zélande a annoncé que le Mont Taranaki se voyait reconnaître un statut de personne légal eu égard à son caractère sacré dans la tradition maorie !

Le Mont Taranaki ne se dévoilera pas plus que cela pour nous. Ci-dessous une photo du Mont Taranaki, vu d’une autre face, quand il veut bien se montrer et sortir la tête des nuages…

Voici une vidéo de la route depuis Whanganui jusqu’au Mont Taranaki, sans oublier la balade de la Kamahi Loop Track avant de finir sur le chant du Tui.
Sur la route du retour vers Waverley Beach, nous nous sommes arrêtés à Pātea pour voir le Aotea Waka Memorial érigé en 1933 pour commémorer le voyage du waka Aotea sur l’océan Pacifique, de Hawaiki, la patrie d’origine des Polynésiens, avant leur dispersion à travers la Polynésie, à Aotearoa, la Nouvelle-Zélande.

Dans la tradition māori, Aotea est l’un des canoës (waka) dans lesquels les Maoris ont émigré en Nouvelle-Zélande. Selon la légende, le waka Aotea transportait Turi, sa femme Rongorongo et leur peuple, ancêtres des iwi (tribus) locaux du Taranaki et du Whanganui : Ngāti Ruanui, Ngā Rauru, Ngāruahine…



Après avoir abordé le rivage près de Kāwhia, au sud ouest d’Hamilton, où ils auraient laissé l’Aotea Waka, ils auraient voyagé le long de la côte jusqu’à Pātea où ils se seraient installés.

Bien que le waka Aotea représenté sur le mémorial soit une pirogue à simple coque, il aurait plutôt été en réalité une grande pirogue à balancier ou une pirogue à double coque avec un abri sur le pont, capable de transporter de 80 à 160 personnes issues de différents hapū (familles).


Plaques explicatives rédigées en maori et en anglais

Nous sommes arrivés au freedom camp de Waverley Beach situé sur la falaise, juste à côté du camping, en début d’après midi.
Il ne pouvait accueillir que trois véhicules et quand nous sommes arrivés il y avait déjà un camping-car mais ce dernier est rapidement parti et nous sommes restés seuls sur le lieu.


Et quel lieu ! Au pied des falaises, des grottes dont certaines en partie effondrées à cause de l’érosion et une plage de de sable noir d’origine volcanique nous attendaient.

Et le soir nous avons pu pleinement profiter d’un magnifique coucher de soleil.

Je vous laisse avec cette vidéo dont des prises de vue réalisées avec le drone.