Uluṟu
Uluṟu

Uluṟu

Mercredi 9 août

Les sites sacrés d’Uluru et de Kata Tjuṯa ont une grande importance religieuse et cérémonielle pour les Anangu. On y trouve plus de quarante sites sacrés et onze chemins du Tjurkurpa (voir l’article précédent) les traversent dans plusieurs directions, certains menant jusqu’à l’océan lointain.


En 1983, après huit années de mobilisation des Aborigènes, le premier ministre australien Bob Hawke annonça la restitution des terres sur lesquelles se trouvaient Uluru et Kata Tjuta. Le site devenait un parc national administré conjointement par le Australian National Parks and Wildlife Service et les Aborigènes, majoritaires au sein de cette administration.

En contrepartie, les Anangu devaient louer le parc pour une durée de 99 ans et permettre aux touristes de grimper sur Uluru, malgré le fait que cela profanait le Tjukurpa selon l’histoire de Lungkata.




Les autorités du parc demandèrent aux visiteurs de ne pas grimper sur Uluru, mais sans les en empêcher légalement.

Et chaque année, des milliers de touristes grimpaient sur le monolithe jusqu’à l’interdiction définitive du 26 octobre 2019.



Personnellement, je trouve bien triste qu’une interdiction soit nécessaire pour faire respecter la culture d’autrui.

Les panneaux d’avant l’interdiction sont encore en place.

Pour cette dernière journée à Uluru, nous avons décidé de faire la randonnée Uluru Base Walk, une boucle de 10,6 km autour du rocher sacré des Anangu.


Comme aux Kata Tjuta, les parties hachurées en gris et noir sur le plan représentent les lieux sensibles liées au Tjukurpa donc pas de photographie, de vidéo ou même de représentation graphique.

« Showing respect » demandent les Anangu

Encore une fois, je trouve bien triste de retrouver sur internet, y compris sur des sites de ventes d’images, tous les dessins aborigènes que Tjukurpa interdit de représenter…


Les sites d’Uluru sont hautement sacrés et très respectés par les Anangu qui évitent de trop les fréquenter et ne les abordent qu’en silence.



Pour faire le tour d’Uluru, nous avons pris la direction de l’Ouest, vers Mala Puta et Kantju Gorge, juste après avoir dépassé le terrier de Minyma Itjaritjari, la taupe marsupiale, une créature ancestrale importante.


Attention, l’échelle est trompeuse… Regardez la photo en dessous !

Cet ancêtre vivait à Uluru en harmonie avec les femmes Mala et sortait souvent de sa grotte pour regarder les enfants jouer.

A proximité, les femmes et les enfants cueillaient les fruits et les herbes. Les repas étaient préparés à cet endroit de la falaise.



Le wallaby-lièvre roux représente l’esprit de Mala, ancêtre du peuple Anangu, et son histoire est l’une des plus importante de Tjukurpa.



Le point d’eau de Kantju Gorge des Mala



Le mur n’est rien d’autre qu’un tableau noir d’une classe d’école, sans représentations sensibles. Il est donc autorisé de le prendre en photo.

Les peintures Anangu ont des fonctions éducatives et cérémonielles et racontent des événements qui se sont produits.

Elles revêtent une importance historique et culturelle considérable pour les Anangu qui continuent d’assurer leur préservation et leur protection.

Les symboles et les figures des grottes d’Uluru sont similaires à ceux trouvés dans de nombreux sites de l’Australie centrale.
Il s’agit notamment de symboles géométriques tels que des cercles concentriques, des figures représentant des traces d’animaux…
Les artistes peuvent utiliser ces symboles pour représenter différentes significations.



Figure 1 : campement – feu – site sacré – rocher point d’eau.


Figure 2 : homme ou femme assise.


Figure 3 : 4 femmes assises au campement.

Figure 4 : lance.

Figure 5 : empreintes d’émeu.

Figure 6 : empreintes de possum.

Figure 7 : empreintes de kangourou.

Figure 8 : arc en ciel – nuages -falaises -dunes -serpents -ficelles.

Figure 9 : graines.

Figure 10 : lune.

Figure 11 : empreintes du dingo chien sauvage d’Australie.

Figure 12 : eau courante entre deux points d’eau.

Figure 13 : eau – sang – fumée – feu.

Figure 14 : chemin entre deux campements.

Figure 15 : boomerang.

Figure 16 : bouclier.


Figure 17 : soleil couchant. Figure 18 : deux personnes séparées par une lance. Figure 19 : étoile.


Par exemple, le symbole des cercles concentriques peut désigner un point d’eau ou un terrain de camping mais également un nid de tjala (fourmi miel) ou une ili (une figue indigène).

Le symbole représente généralement un site qui fait partie d’une histoire complexe enregistrée et racontée par l’artiste. La véritable signification des peintures rupestres d’Uluru appartient aux artistes et à leurs descendants.


Un autre tableau noir pour les apprentis…

Les Anangu fabriquent des peintures à partir de substances minérales naturelles mélangées à de l’eau et parfois à de la graisse animale.

Les pigments rouges, jaunes et oranges sont des argiles teintées de fer appelées ocres.

La calcite (minéral crayeux présent naturellement dans la région) et les cendres sont utilisées pour fabriquer du pigment blanc, tandis que la calcite et le charbon de bois sont utilisés pour fabriquer du pigment noir.


Les grottes étaient des lieux de réunions. Les anciens y enseignaient le Tjukurpa. Les mêmes histoires étaient racontées à tous, mais adaptées à l’âge de l’auditoire. Suivant le degré de compréhension des élèves, elles étaient plus ou moins complètes.


Les détails laissés de côté pour les enfants, étaient racontés aux jeunes gens en reprenant la même histoire. D’autres détails encore s’ajoutaient lorsque venait le tour des adultes

Ainsi, progressivement, les Aborigènes mémorisaient l’ensemble des connaissances de leurs ancêtres.

Malaku Wilytjala ou Wave Cave (la grotte vague) est la plus spectaculaire des grottes au niveau du sol d’Uluru.


Une autre grotte naturelle qui servait d’abri.


Autrefois, les Aborigènes déclenchaient des incendies en début de saison sèche, utilisant le feu à la fois pour chasser, régénérer le sol et pratiquer des cérémonies. Les anciens disaient que le feu redonnait vie à la terre : après avoir brûlée, elle renaissait.


Aujourd’hui, ces pratiques sont remises au goût du jour dans la lutte contre les incendies violents et incontrôlables comme ceux qui ont ravagé le pays ces derniers années.


Dans ces lieux hostiles, il faut économiser l’eau en période de sécheresse.


Les arbres sacrifient une de leurs branches qui, cessant d’être irriguée, se dessèche et meurt.

Si la sécheresse persiste, une autre branche est condamnée, et ainsi de suite jusqu’à ce que l’arbre meurt.



Le point d’eau de Mutitjulu était le plus important d’Uluru.


C’était aussi un piège naturel qu’utilisaient les chasseurs aborigènes. Beaucoup d’animaux venaient s’y désaltérer et il était facile de les y prendre.

Et de nombreuses plantes à graines et à fruits comestibles croissaient tout autour.


L’histoire de deux êtres ancestraux est liée au point d’eau de Mutitjulu : Kuniya, la femme python, et Liru, le serpent venimeux.



Sur le chemin exposé au soleil, un réservoir d’eau potable est installé.

Nous sommes en hiver et il fait 27°C.

Pas étonnant que l’été la plupart des sentiers ferment en milieu de matinée pour la sécurité des visiteurs, dès que la température atteint 36°C !


Voici une vidéo de notre balade autour du rocher d’Uluru.



Après cette randonnée, nous avons quitté Uluru, de belles images en tête.

Nous avons pris la route en direction du Parc National de Watarrka et de Kings Canyon à 300 km au nord-est pour réduire le temps de route du lendemain avant une nouvelle randonnée matinale.

J’espère que ce long article sur la culture aborigène vous aura intéressé. Il y aurait encore beaucoup de choses à dire tellement le sujet est passionnant… Le prochain article sera plus « léger », consacré à la route dans l’outback australien.

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